En traversant le village on ne peut pas manquer de remarquer l'église St Jean Baptiste dont la tour clocher vient d'être restaurée. Cet édifice néo-roman constitue l'essentiel du patrimoine religieux FORESTOIS. Il a été l'oeuvre de l'abbé Pierre-Joseph VANDEBEUQUE curé de 1865 à 1890. A peine installé il est conscient de la vétusté et de l'exiguïté de l'ancienne église construite au début du 17ème (1617) par les VILLAIN de GAND, seigneurs de HEM, FOREST, SAILLY,
C'est eux en effet qui parvinrent à ériger FOREST en paroisse autonome avec l'accord de l'évêque de TOURNAI qui en 1639 détache le territoire de Forest de St Pierre d'Ascq.
L'abbé VANDEBEUQUE entreprend donc de réunir les fonds nécessaires à la construction d'une nouvelle église. Il intervient auprès du député, le comte MIMEREL et du Conseil Général ; il n'hésite pas à écrire personnellement à l'impératrice EUGENIE, épouse de Napoléon III, pour solliciter sa générosité.
Son dynamisme est payant, il parvient à rassembler des sommes suffisantes pou lancer la construction. Hélas cet argent déposé auprès du banquier POLLET est englouti dans sa banqueroute. Heureusement l'empereur et le Conseil Général restituent à notre curé les sommes envolées
C'est un architecte de Tourcoing, LETUPPE qui dresse les plans de l'édifice. L'église qu'il dessine fait partie de ces nombreuses constructions néo-romanes réalisées dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Elle est totalement bâtie en briques, à l'exception des puissants piliers cylindriques à chapiteaux cubiques en pierre de Tournai Ces briques ont été façonnées avec l'argile extraite dans un champ qui appartenait au sieur LAPLUME situé près de l'actuel cimetière et cuites à cet endroit. On réduisait ainsi considérablement le coût des matériaux et des transports. Comme dans les édifices romans des contreforts font saillies des murs tandis que les parties supérieures tant des bas côtés que de la nef s'ornent de «bandes lombardes». Quant à la tour clocher qui dépasse les 25 mètres, elle comprend quatre niveaux : celui du porche d'entrée, le second celui de la tribune où s'installaient autrefois les choristes, un troisième palier d'accès à la charpente de la nef, enfin le dernier niveau est celui des cloches. La charpente qui coiffe le clocher garde gravé dans une poutre le nom de l'artisan - charpentier qui l'a assemblée, un dénommé FOURNIER ainsi qu'une date : 1869.
A l'intérieur le pavement de St Jean Baptiste est constitué d'un simple dallage en pierres de Tournai. Les fenêtres des bas côtés ont reçu en 1870 des vitraux de compositions géométriques colorées, tandis que les fenêtres hautes de la nef sont en verre blanc. Trois baies de grandes dimensions éclairent abondamment le choeur (orienté à l'est), on peut remarquer à mi-hauteur du vitrail central les initiales H.W. probablement celles d'un généreux donateur.
Le mobilier de l'église St Jean Baptiste recèle plusieurs éléments de l'église précédente : ainsi la galerie de la tribune au dessus du porche d'entrée est décorée d'une belle balustrade (décor 17ème), de même le très beau Christ en croix placé autrefois au milieu de la nef face à la chaire et qui se trouve maintenant au dessus de l'autel (les quatre extrémités de la croix sont ornées de quatre feuilles représentant les quatre évangélistes), autre relique de l'église antérieure, une statue de la Vierge, en bois doré, qui foule aux pieds un serpent sur une demi sphère. Les autres statues ont un intérêt artistique moindre, elles sont du genre « saintsulpicien ». Seul le groupe : « le Christ recevant le baptême », est plus original, autrefois placé à droite de l'entrée derrière des grilles, il a suivi la cuve baptismale qui, il y a quelques années, a été amenée près du choeur en symétrie avec la « chaire de vérité ».
Dans le choeur se trouvent de superbes panneaux sculptés (époque 18ème), d'un côté se trouve représenté St Pierre recevant des mains du Christ des clefs devant une ville fortifiée, de l'autre on découvre un personnage enchaîné face à une mer où relâchent des voiliers, cette scène fait allusion à l'emprisonnement de St Paul et à ses nombreux voyages en Méditerranée. Voisins de ces bas reliefs et encadrant l'autel, deux grands médaillons de bois sculpté représentent en buste, St Pierre à gauche, St Paul à droite. Ce bel ensemble sculpté dans le chêne proviendrait de l'église St Martin de Roubaix, comment est il arrivé à Forest ? Le mystère reste entier
Enfin dans la sacristie, on a scellé dans le mur un petit bénitier en pierre de Tournai, sur lequel la date de 1639 est gravée, c'est bien entendu encore une « récupération » de l'église précédente, cette date peut d'ailleurs être considérée comme celle de la fondation de Forest.
Il est une partie du mobilier à ne pas négliger bien que peu visible, ce sont les cloches. Le curé VANDENBEUQUE avait tout juste achevé la construction de l'église lorsqu' éclate la guerre franco-prussienne de 1870. En 1871, il installe deux cloches provenant d'une fonderie de Douai mais comme bien d'autres elles disparaîtront durant la guerre 14-18, transformées en canons par l'occupant allemand. Celles qui sonnent actuellement ont été installées en 1928.
Sur la première on peut lire « Mr l'abbé CARPENTIER étant curé je fus baptisé par Mr le vicaire général DELANNOY. Mon parrain fut Monsieur Marcel JOURET, ma marraine Mme Marie ROMAN-LAPLUME, je reçus le nom de Marie-Marcelle. ». Sur la seconde « Je m'appelle Jeanne Marie Thérèse, j'ai été offerte par une souscription généreuse de tous les paroissiens de Forest. J'eus pour parrain Mr Jean DELATTRE-CATEL, pour marraine Mme Marie VANOVERVELT-DUCHATEL ».
Ces deux cloches continuent chaque jour à rythmer le temps du village, à 6h30 le matin et 18h30 le soir elles sonnent pour ce que les anciens appellent encore « l'Angélus ».
Cette église St Jean Baptiste, qui a remplacé l'église du 17ème siècle (qui elle était consacrée à Notre Dame), est bien sûr l'élément majeur du patrimoine religieux Forestois, mais on aurait garde d'oublier cette petite chapelle consacrée à Notre Dame de la Délivrance où les Forestois continuent à se rendre en procession lors de la fête du 15 Août. Elle fût édifiée en 1890 par la famille BOUSSEMART.
C'est un petit oratoire de briques couvert de tuiles flamandes adossé aux habitations voisines de la rue de Moscou. Comme pour l'église St Jean Baptiste il s'agit d'une reconstruction à l'emplacement d'une très ancienne chapelle déjà mentionnée sur une carte du début du 18ème, à l' époque elle se trouvait à la limite du « Grand Marais ».
Il faut, pour être complet, mentionner deux statues visibles de la voie publique. Rue des Roloirs une statue de N.D. de Lourdes logée dans une niche au dessus de l'entrée de l'école Ste Marie. Elle fût installée là en 1894 lors de la fondation de l'école par Mademoiselle Clémence WATTINNE. Enfin dans le jardinet face à la maison paroissiale (ex presbytère) se dresse une statue du Sacré-Coeur les bras grands ouverts, celle-ci témoigne de la reconnaissance de la population Forestoise à la suite de la tragique nuit du 10 MAI 1944 lorsque que s'abattirent sur le village plusieurs avions alliés venus bombarder le dépôt ferroviaire de Fives. Comme Forest n'eut à déplorer aucune victime, l'abbé HELLIN curé à cette époque et les fidèles Forestois décidèrent l'érection de cette statue. Le Culte au Sacré-Coeur de Jésus qui avait atteint son apogée après les malheurs de 1870 (cf Basilique du Sacré Coeur de Montmartre) connut un regain de dévotion durant la seconde guerre mondiale.
Voilà rapidement évoqué ce patrimoine religieux Forestois auquel se rattache très étroitement l'histoire d'un village qui a obtenu son « indépendance » grâce à la construction de son église.
Une quinzaine d'années sépare ces deux cartes.
La carte de gauche a été réalisée vers 1910, elle montre le pavé de la rue principale et l'église saint jean baptiste. Celle ci est en excellent état présentant sa belle maçonnerie de briques avec ses joints à la chaux. Le clocher s'orne dans sa partie supérieure de quatre oeil de boeuf qui ont maintenant disparu. Au centre l'estaminet au « Joyeux Tambour » à la porte grande ouverte pour inviter d'éventuels clients, mais la place est déserte. Cette place s'est trouvée agrandie en 1905 à la suite du transfert du cimetière vers son emplacement actuel. Sur la gauche se profile le Presbytère précédé du café du « Soleil Levant » (auberge de la Marque), tandis qu'au bout de la rue principale un chariot s'approche d'une grosse battisse comportant cinq fenêtres à l'étage c'est l'actuel « Pic Frites ». Sur la droite se situe le commerce ROMAN LAPLUME (57 rue principale), c'est là qu'on pouvait acheter un peu de tout (lingerie, mercerie, droguerie..) y compris ces cartes postales dont ils étaient éditeurs.
(écrit dans le BM par Olivier LAURIDANT)